En 2024, les environnements industriels ont été plus que jamais dans la ligne de mire des cybercriminels. Cette tendance, déjà en hausse les années précédentes, a pris une ampleur inédite, avec des cyberattaques plus nombreuses, plus sophistiquées et plus ciblées.
Un contexte de menaces en forte évolution
L’année 2024 a vu une nette intensification des cyberattaques sur les environnements industriels, avec notamment un intérêt grandissant pour les systèmes OT (Operational Technology), que l’on retrouve dans tous les secteurs industriels (santé, agroalimentaire, utilities, transports, etc.). Ces infrastructures critiques, essentielles au bon fonctionnement des entreprises, des collectivités et des services publics, sont devenues des cibles privilégiées pour plusieurs raisons :
- Impact immédiat sur la production et les revenus en cas d’arrêt d’activité.
- Valeur stratégique de ces infrastructures dans un contexte géopolitique tendu.
- Vulnérabilités persistantes dans des systèmes souvent historiquement peu sécurisés.
Typologie des cyberattaques observées
Des attaques aux objectifs variés
Les motivations derrière les attaques sont multiples : rançongiciels pour obtenir une rançon, sabotage pour perturber l’activité économique, espionnage industriel ou encore revendications hacktivistes.
Un phénomène marquant a été l’exploitation massive de vulnérabilités critiques, notamment celles touchant des équipements de sécurité périmétrique comme Fortinet ou Ivanti . L’accès aux systèmes est également facilité par l’utilisation d’informations volées (mots de passe, accès VPN) via des infostealers tels que Lumma Stealer.
L’apport de l’intelligence artificielle
Autre évolution majeure : l’usage de l’intelligence artificielle dans la préparation et la conduite des attaques. L’IA a permis de rendre les campagnes de phishing plus convaincantes, d’automatiser les attaques ou encore de créer des implants malveillants adaptatifs, rendant leur détection beaucoup plus difficile.
Cyberattaques industrie en 2024 : exemples concrets
Plusieurs incidents illustrent cette dynamique :
- Tentatives de compromission de sites industriels majeurs pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, malgré un niveau de sécurisation exceptionnel mis en place, sous la houlette de l’ANSSI et avec l’implication d’Advens.
- Effacements de tenants cloud et transferts de données sensibles vers des tenants contrôlés par les attaquants, rendant les opérations industrielles inopérantes.
- Utilisation de deepfakes pour tromper des opérateurs et accéder aux systèmes critiques.
Pourquoi les environnements industriels sont-ils des cibles de choix ?
Plusieurs facteurs expliquent cette situation :
- Interconnexion croissante entre IT et OT, augmentant la surface d’attaque.
- Obsolescence technologique de nombreux systèmes industriels, peu préparés aux menaces modernes.
- Pression économique qui pousse certaines entreprises à retarder des investissements en cybersécurité.
Dans un contexte de hausse de +14 % des cyberattaques en 2024 par rapport à l’année précédente, ces faiblesses deviennent de véritables portes d’entrée pour les groupes malveillants.
Comment renforcer la défense des environnements industriels ?
Face à ce constat, plusieurs leviers sont indispensables :
- Segmenter rigoureusement les environnements IT et OT.
- Dans la mesure du possible, mettre à jour régulièrement les équipements, en priorité ceux exposés à Internet.
- Surveiller activement les tentatives d’intrusion grâce à des SOC spécialisés capables d’alerter précocement.
- Former les opérateurs industriels aux risques cyber.
- Adopter une approche par risque, en se concentrant sur les vulnérabilités réellement critiques pour l’activité.
L’objectif n’est pas d’atteindre une protection absolue, impossible dans un contexte de ressources limitées, mais de hiérarchiser les risques pour mitiger efficacement les attaques les plus dangereuses.
